Regarder le handicap en face...
NB. Vous avez déjà lu ce qui est en bleu...
Loin de moi l'idée de donner des conseils. Toutes les expériences sont différentes, il y a des handicaps plus lourds que d'autres. Le mien est encore assez léger pour que j'en parle sans pessimisme. Mais mon expérience personnelle peut peut-être aussi rendre service à des personnes qui accompagnent, fréquentent ou rencontrent des handicapés.
- Regarder le handicap en face. Ce n'est pas une malédiction. S'il avait le choix, je n'imagine pas un handicapé qui choisirait autre chose que la santé, mais personne n'a le choix et il est inutile de se voiler la face. La maladie est là, inutile de se bercer de faux espoirs dans le genre "ça va passer" ou "ça va s'améliorer". Non, à part un miracle, ça ne va pas s'améliorer. Il va y avoir des tas de choses qu'on ne pourra peut-être progressivement plus faire. Il va y avoir des deuils à faire, et ce n'est jamais facile. Inutile de faire miroiter les progrès de la recherche : si ça marche, tant mieux, mais c'est long et ce sont de faux espoirs, surtout quand le handicap risque de déboucher sur une issue fatale.
- Regarder le handicap en face, c'est aussi se battre contre une maladie. C'est important de connaître et de pouvoir nommer sa maladie, car même si elle représente des tonnes de craintes, ça vaut toujours mieux que de se battre contre des moulins à vent et de ne pas savoir comment ça va évoluer.
- Regarder le handicap en face. Ce n'est pas une honte. Un handicapé n'est pas quelqu'un de diminué (regardez les jeux olympiques handisports !) ; dans certains domaines, il est plus limité que d'autres, c'est utile de valoriser les autres.
- Regarder le handicap en face, c'est surtout regarder le handicapé : c'est un homme, une femme, comme les autres, mais oui ! Ce n'est pas un être à part, même si la maladie a déformé son corps ou amoindri ses facultés. On ne sait pas toujours comment réagir par crainte de faire une bêtise : la meilleure réaction, c'est le naturel. Evitons la pitié - le pauvre ! - ou la gêne, inutile de nous plaindre ou de gémir, sans pour autant verser dans une apparente indifférence. C'est parfois sympa de vouloir aider un handicapé, parce qu'il y a des gestes qu'il est incapable de faire. C'est aussi parfois malvenu, car il y en a qu'il a réappris à faire et qu'il est heureux et fier de parvenir à accomplir, même si c'est avec difficulté. Ça peut même aussi, malgré toute notre bonne volonté, être encombrant sinon pénible. La disponibilité attentive et discrète, la parole franche mais prudente, sont les meilleurs comportements pour être vrai. N'essayons pas de tout faire à la place d'un handicapé sous prétexte de lui éviter des fatigues, mais soyons attentifs à ses demandes.
Quand le handicap est devenu une réalité, il n'y a rien d'autre à faire que de vivre avec. C'est suffisamment difficile pour ne pas y ajouter d'autres souffrances. Les handicapés ne veulent pas des droits, mais une certaine solidarité, qui les aide à vivre. Un exemple ? Quand la dernière place libre d'un parking est celle qui est réservée aux handicapés, ne la prenez pas : vous pouvez être sûr que si le handicapé qui sera heureux de la trouver libre était à votre place, il serait heureux de pouvoir se garer plus loin et de marcher...
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